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A ma bonne étoile
24 juin 2005

Ma carapace patchwork (en construction)...

"Il y a des gens dont la seule existence vous donne envie, je veux dire me donne envie, de disparaitre. Pour ne pas les laisser vous regarder. Vous toucher du regard. Non pas qu'ils soient méchants. Ou bien grossiers, cruels ou arrogants. Ni qu'ils soient contre vous. Je veux dire contre moi. Mais c'est comme ça.(...) Il y a des gens qui font que j'ai honte. Affreusement honte. Non pas la honte de faire une chose compliquée comme participer à la conversation.(...) Non, mais le simple fait de se trouver en leur présence.(...)
Je lui ai lancé un regard haineux. A moitié étendu sur le canapé, il remuait avec plaisir ses orteils nus, rejetait la fumée de sa cigarette avec une moue des lèvres. Pourquoi se sentait-il aussi à l'aise? Comment les gens peuvent-ils être aussi à l'aise? Où trouvent-ils des poses à la fois aussi confortables et ésthétiques? Des poses qui ne trahissent rien de ce que leur propriétaire ne voudrait pas que l'on sache."

Extrait du roman d'Alona Kimhi "Suzanne la pleureuse".

C'est fou ce que j'aime les livres. Pour qu'un livre me plaise il suffit que je trouve un petit point de ressemblance avec moi. Bien sûr, il y a le style, l'histoire... Mais, en lisant un livre, j'ai parfois l'impression que l'auteur est allé fouiller dans mes pensées pour écrire son histoire (c'est très égocentrique, mais c'est parfois tellemnt bon de se sentir important). Ou alors, on dirait que certaines phrases ont été écrites pour moi. Et puis, ce qu'il y a de fantastique avec un livre, c'est ce que je crois et ce que Bigard a démontré dans un de ses sketches. S'il y a un petit chauve à lunettes dans une histoire, par exemple. Au cinéma, il n'y aura qu'un petit chauve à lunettes pour tous. Il est là, à jamais gravé dans nos esprits. Pour un livre, chaque lecteur se fabrique mentalement son petit chauve à lunettes. Et l'histoire devient ainsi unique pour chaque lecteur. C'est ça la magie de l'écriture ! On est acteur, ou du moins on participe à l'histoire qu'on lit. On crée nos propres décors, nos propres émotions, nos propres visages...

Pour en revenir à cette citation, voilà encore une série de phrases dans lesquelles je me suis reconnue.
Parce qu'il y a, en effet, autour de moi, des gens devant lesquels je voudrais disparaitre. J'ai l'impression, face à eux, d'être mise à nue. L'impression qu'ils voient en moi. Qu'ils percent ce que j'essaie de cacher : mon sentiment de médiocrité et ma faiblesse. Rien ne démontre concrètement qu'ils le font. C'est ce sentiment de malaise que j'ai quand je suis face à eux me démonte. Ils sont si à l'aise dans n'importe quelle circonstance, comme si rien de dévalorisant ne sortaient d'eux. Rien ne sort et rien de rentre non plus. Peut-être est-ce un problème de sensibilité ou de manque de confiance...
Voilà le problème de la carapace qui pointe le bout de son nez. J'ai la sensation que je n'ai pas de carapace. Je la visualise comme une membrane translucide et fine : on me voit telle que je suis car elle ne me cache de rien ni de personne. Tout ce qui vient de l'extérieur, les agressions, traversent comme des petites flèches meurtrières cette membrane et pointent droit vers la faille. Je n'ai jamais eu l'impression d'avoir une carapace. Il faut que je me la construise, et elle sera, je crois, toujours fragile. C'est à presque 30 ans que je vais me mettre à l'oeuvre de ce grand chantier. Elle ressemblera à un patchwork. Petit à petit, les morceaux vont se lier les uns aux autres.
A quoi ressemble la carapace des autres ? Je crois qu'elle s'est formée au fur et à mesure des années. Qu'elle s'est construite grâce aux claques qu'ils se sont pris dans la gueule, aux désillusions, à la reconnaissance de leurs semblables... Tout ça les a rendu plus confiant envers eux-même. Cette carapace que vous avez, vous-même, me semble homogène et sûre, sécurisante. Elle s'est rendurcie et opacifiée petit à petit. Elle vous protège du regard des autres, leur renvoie l'image de vous que vous voulez qu'elle renvoie... Elle est solide. Comme vous.
Alors, c'est parti, le chantier commence !!

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Commentaires
P
idem pour moi 33ans...chantier en route dès aujourd'hui alors bon courage. Ma première décision, ne plus contacter mon ex!<br /> tiens nous au courant de l'évolution, si tu veux me lire http://pierreb.canalblog.com/
A ma bonne étoile
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